Le chansonnier des Pointeliers, par Nathan Lauzon

Il observe des coins sombres des pièces
Ses yeux profonds perçant les âmes  

Une douce et irritante mélodie l’accompagne dans ses frettes
Une peur s’instaure au son de sa chansonnette
Et emprisonnés sont les drogués, les femmes et les ivrognes
Car avec ses poings, il les torture et les cogne. 

Ses lourdes enjambées de bottes frissonnent et grognent
Son long manteau noir traine et écrase la neige en miettes
Sa lame sent avec ses narines d’acier le sang de l’humanité
Son visage vieux, laid et poilu admire la qualité de son jouet 

Le dérangé aux joues noires fumées plante la pointe de l’acier
Le couteau éclate les globes oculaires de sa victime
La bouche chantant pour transpercer d’une vérité
La vérité est qu’ils ne sont qu’un simple produit
Pas un produit marchandé, mais un produit du hasard
Que leur vie est d’une grande inutilité et qu’elle subit de sa fragilité

Sa lame fond le maquillage avec les larmes
Sa victime se contorsionne, elle hurle à l’aide, mais finalement elle abandonne
Son sourire sadique amène la terreur dans les rues
Sa chanson résonne, fait écho et raisonne 

L’homme au manteau de cape se réjouit devant son œuvre d’art.
Le misogyne était tout à fait lucide et conscient de son féminicide
Devant sa nouvelle piscine de sang, il se réjouit
Sachant que son quartier n’est que sa cour à jouer
Il trempe son couteau et apprécie sa nouvelle coloration
Les policiers n’auront aucun temps pour ces pauvres
Ces avenues Pointelières discutent pleines de frayeur 

Aujourd’hui, le chansonnier des Pointeliers guette le parc Baptiste
Demain il imaginera ses futurs massacres sur la 6e, la 7e et la 8e
Maintenant, il contemple ses talents en fredonnant sa chansonnette 

Chantant son adoration de la chair humaine
Oh… qu’elle est belle cette viande rouge et cruelle 

Faites attention chers citoyens! Faites appel à vos pelles!
Car vos confrères, vous les enterrerez dans les ruelles.  

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