Comme à son habitude, la terre est humide sous ses pieds. Celle-ci chatouille innocemment ses orteils, laissant derrière elle une pluie de minuscules points marron. Malgré la froideur réconfortante de cette marée brune, le regard de la jeune fille est attiré par la figure devant elle. Son cœur se réchauffe à la vue de l’immense chêne. Que ce soit la première, la dixième ou même la centième fois, la majestuosité de l’arbre ne cesse de la réconforter. De son corps colossal, il surplombe la jeune fille, la protégeant de tous les dangers.
Le corps frêle de l’enfant s’adosse au mur rugueux de son ami. Un soupir de soulagement quitte ses lèvres alors que ses muscles endoloris se relâchent. Elle dépose doucement sa tête contre le tronc, ses mains se rejoignant automatiquement autour de ses jambes. Il lui avait tant manqué. La tranquillité de l’endroit finit par avoir raison d’elle, et ses yeux se ferment.
Un craquement sort la jeune fille de son sommeil. Ses mains se resserrent sur ses genoux. Les poils redressés de ses avant-bras la trahissent. Elle cherche à se recroqueviller à l’intérieur du chêne, mais elle est bloquée par la surface rigide. Sa respiration se saccade. Ses yeux observent rapidement les alentours lorsqu’ils tombent sur la provenance du bruit. Aussitôt, son corps se détend. L’enfant regarde le petit animal s’empiffrer de noix, un sourire aux lèvres. Il finit par repartir, sa queue formant des vagues derrière lui.
Un courant d’air froid se faufile parmi les branches. Le corps de la jeune fille est parcouru d’un frisson. Au même moment, deux pattes atterrissent sur sa main. Une chaleur nouvelle se fraie un chemin à l’intérieur du corps de l’enfant. Celle-ci caresse doucement l’oiseau de son autre main. Il arrive toujours lorsqu’elle est sur le point d’abandonner. Après quelques minutes, l’animal reprend son envol. L’enfant repose sa tête contre l’arbre et ferme les yeux, un léger sourire sur le visage.
Soudain, deux coups sourds la sortent de sa torpeur. Elle se redresse rapidement, paniquée. Elle regarde une dernière fois le chêne dessiné au mur, une larme coulant sur sa joue. De nouveau, à l’approche de son ravisseur, ses poils se hérissent.