Le mythe du cadre, par Maya Lee Taquet

Préface

Le cadre,
Cette extrême fragilité,
Le quatrième sur les vitrines,
Naissance de l’avant-garde du mur,
L’allégorie des intestins intrinsèques,
Les aucunes limites extrinsèques,
dans les méandres des tableaux,
et des rideaux.

Les venelles des chapelles

Le regard tamisé,
Sur l’éclairage errant,
Fils de Dieu divin divague,
Dans les entrailles des Églises.

La Vierge,
Titubant sur les intérieurs,
des Cathédrales à ses heures,
Le trou noir du cadrage.

Judas,
Guettant les yeux du bœuf,
Sur la vitre givrée,
Le voyeurisme caressant l’intérieur.

« J’inscris une petite aire,
Dans un quadrilatère »,
Se dit Alberti,
Introduisant la géométrie.

Les artères des tableaux

Découper le regard,
Des rebords des tableaux,
Sans crier gare,
À huis clos.

L’atmosphère lugubre
Qui rôde à la Renaissance,
Brun âcre insalubre
L’inexorable fatalité omniprésente.

L’ossature des Natures Mortes,
Vissée dans le canevas,
Les vices ressortent,
La Vanité grava.

Le clair-obscur
des sombres journées du Roi-Soleil,
Vibrant sur les Côtes d’Embrasures,
Caravage épie.

Les découpures des XXe et XXIe siècles

La fenêtre à la Francis,
Éponge les salis des doigts,
Ponches dont jour et nuit,
Ponge trace son enclos voilé.

Les bordures sèches
de Borduas
Manifestent leur refus global
D’un Joseph en flèche.

Le cadre champêtre
Des champs que l’on voit
Cinéma enfoui
Des hors-champs tuent

La vitre mercantile,
Des musées puérils,
Donnant une valeur indélébile,
À l’Art conformiste civil.

La modernité
A tué le cadre
Parrainée par la marge
En libérant l’image étriquée

En enlevant les couleurs du tableau,
Ne reste que fenêtre sur rue,
Du corps centripète,
À l’esprit centrifuge.

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