Le schizo d’à côté, par Nour-Houda Atamna

Image générée par l’IA

Prologue

À la suite d’une tentative de suicide ratée, Luc est interné dans un hôpital psychiatrique depuis deux semaines. Aujourd’hui, il fait la connaissance de son nouveau voisin de chambre.

Estie de câlisse! Depuis tout à l’heure, j’essaie d’appeler l’infirmière, mais elle n’est toujours pas arrivée. Pourtant, je pèse très fort sur le bouton près du lit. Le schizophrène à côté de moi a fait caca sur le plancher et il a commencé à jouer avec sa propre marde! Je le regarde du coin de l’œil tout en priant Dieu pour qu’il ne vienne pas me toucher avec ses doigts dégoûtants…

Soudain, mon voisin de chambre arrête de dessiner des triangles sur le mur et se retourne vers moi. Il me pointe du doigt en murmurant des paroles incompréhensibles. Je lui souris en hochant la tête comme si je comprenais quelque chose à ce qu’il venait de dire. Le ton monte. Il se fâche et fait quelques pas dans ma direction. Je crois comprendre qu’il n’a pas aimé ma réaction. Je le regarde avec horreur.

Une seule pensée obsède mon esprit : je ne dois pas le laisser me toucher. Sans faire de mouvement brusque, j’arrive à me lever. Cette stratégie me permettra de fuir. Je descends du lit et rampe le long des murs pendant que l’ennemi m’observe. Après de longues et interminables minutes, j’arrive à la porte. Je tourne la poignée et, très rapidement, je prends la fuite.

Le schizophrène n’a pas attendu longtemps pour me pourchasser. Il me poursuit à travers les corridors de l’hôpital psychiatrique. Je hurle de terreur pour qu’on vienne me sauver. Encore une fois, mes efforts semblent vains. Je me retourne et constate que, bien que l’homme soit fou, il est drôlement rapide. Malgré mes quelques secondes d’avance, il a réussi à me rattraper.

Au loin, je vois la station des infirmiers. Si je parviens à atteindre cet endroit sans me faire toucher, j’ai peut-être une chance de m’en sortir. Comme dans tous les hôpitaux psychiatriques, il s’agit d’une salle vitrée où le personnel est protégé contre les attaques. Plus que quelques pas et j’y serai. J’utilise les dernières forces qui me restent après le sprint que je viens de faire pour tourner la poignée de la station.

Ce que je vois me laisse sans voix. Toutes les infirmières du service sont regroupées en train de boire du thé, de discuter entre elles et d’écouter de la musique. C’est pour cette raison que, lorsque je les appelais, personne ne répondait. Les paresseuses! Elles sont payées à ne rien faire, ces sales pestes! Tandis que les patients ont de vrais problèmes, elles se réfugient ici pour se reposer. Je suis outré de la découverte que je viens de faire.

Puis je réalise que je pourrais toujours me venger de la terreur que leur paresse m’a causée. Je me place au centre de la pièce… et fais caca sur le sol… puis, tout comme le schizophrène, je me barbouille les mains avec mes propres excréments avant de les pourchasser dans la pièce pour les toucher. Il n’a pas fallu longtemps pour qu’un brouhaha généralisé éclate.

On court et on crie de tous côtés. Arrivé juste après moi, le schizophrène qui m’observe semble aimer ce nouveau jeu, car voilà qu’il m’imite et m’aide dans ma douce vengeance. Cet acte va probablement me coûter plusieurs semaines supplémentaires d’hospitalisation, puisqu’agir ainsi paraît tout sauf normal, mais je m’en moque. Comme on dit, la vengeance est un plat qui se mange froid et je compte bien montrer à ces bonnes à rien ce qui arrive quand on ne prend pas bien soin de ses patients.

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