Le jardin, par Mia Archambault

Les racines, telles des mains invisibles, tissent des liens entre le ciel et l’enfer, entre l’infini et l’éphémère. Elles se frayent des chemins dans la terre, plongent dans les abîmes, puis s’élèvent vers la lumière, entrelacs de mémoire et de souffle. Le vent est un messager errant, porteur des murmures du jardin, et l’eau, un poème liquide qui coule sur les lèvres des pierres, des rires d’argile qui oublient le temps.  Le sol est un écrin de silence, un ventre maternel où naissent des étoiles de terre, une mer calme où les plantes voguent sur des courants d’ombre et de lumière. Les herbes, complices des ventres nus du matin, se tordent dans une danse infinie, une ronde muette où chaque brin semble chanter l’impermanence des choses. Les feuilles sont des doigts de la sagesse qui effleurent les cieux, leurs palmes ouvertes capturent les promesses du jour avant qu’elles ne se dissipent comme des nuages. Le jardin est la mémoire d’un monde perdu, une légende que l’on lit sans comprendre, où chaque pétale est une page blanche, chaque arbre, un dieu muet. Et quand la pluie tombe, elle est une caresse divine, un chant ancien qui parle aux racines et aux pierres, effleurant le sol comme une caresse de l’autre côté du miroir. Le jardin, tout comme un rêve que l’on garde au fond de soi, est à la fois la fin et le commencement, l’éternité en une seconde, et la fragilité du temps suspendu.

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