Un vide à soi, par Évi Bernard

ma poupée
en semi porcelaine semi pansement
aux pieds de fissures enrobées
de satin rose ornées d’une boucle tel
un présent
de nos doigts on lui peint
un cœur aux lèvres l’étire
en lune demi-là
poignardée à l’inertie
par deux épingles aux bouts perlés

sur ma poupée on cloue
dentelle déchirée soie recousue
par des barbelés plaqués or

remballée dans un rêve
(pas le sien)
on la transperce en paralysie verticale
sur la flèche d’une église

naît une soif anthropophage dans
l’attente de la patience
la nuit le froid l’inconnu
dévoration de son voile
un vent trop fier
emmêlement de ses cheveux
un corbeau sans voix
exhumation de ses yeux

trouée ma poupée devient
creuse un vide observable
palpable
qu’on ceint d’un corset qu’on moule
en autre chose

on peut toujours la rembourrer
de plumes de pétales
la ramasser à la petite cuillère
inhumer ses os émiettés sous
une nouvelle pelure un aimant vivace
aux épines émoussées

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