C’est quoi la peur?
Extrait des enregistrements de M. Williams-Smith : « Assis au fond de mon bureau, dos à ma porte et à mes peurs. Face à une fenêtre, à une sortie de secours. Je me suis demandé, à exactement 23h37, ce qui pouvait me faire peur. Était-ce la lourdeur de l’obscurité qui frôlait mon dos? Qui, pour une raison mystérieuse, me donnait l’impression d’être flatté par les douces pattes d’une araignée et caressé par les ongles d’un être inconnu. Devais-je faire face à mes peurs? J’ouvris la fenêtre, puis pris une grande inspiration pour me donner le courage qui me manquait. Je me tournai. Il faisait noir. Mon ombre n’aidait en aucun cas ma cause. Elle ne me causait que des inquiétudes supplémentaires. Elle me poussa à me questionner sur qui pouvait bien être cette silhouette. Plus l’heure avançait, plus cette ombre, cet être, se transformait en quelque chose de difforme. En aucun cas, elle ne pouvait m’appartenir. Par peur, j’ai crié :
Des cornes! Ce sont des cornes!
Une voix se joignait à mes cris et angoisses. La lumière de ma bougie était la dernière chose qui me gardait dans ce monde, mais cette voix s’éteignit en un souffle qui souffla cette flamme. Puis la porte de mon bureau s’ouvrit à un autre monde. Ce couloir qui suivit ce trou dans le mur me fit voir la vraie lumière. Je me rendis vers elle, vers cette liberté. Je plongeai ma tête dans cette lumière libératrice, chaleureuse, bienveillante! »
Extrait de la rubrique funéraire : « M. Williams-Smith fut retrouvé couché dans son jardin, mort. Il aurait sauté par la fenêtre du deuxième étage de son manoir. Certains spécialistes disent qu’il aurait perdu la tête. On aurait retrouvé un papier dans son manteau qui disait :
De ma tombe, je m’enfuirai. De leurs tombes, ils se relèveront.
En tant que journaliste je ne peux pas donner mon avis, mais sur ce coup je ne peux pas m’en empêcher. Je crois bien que M. W-Smith était complètement fou. ».
On aurait pu le croire. On aurait dû l’écouter.