Brigade de liberté, de Gabrielle Legault

La liberté, c’est d’être heureux

qu’ils disent

Je me suis réveillée en sursaut

le boulet à l’âme

J’ai traîné les pieds

Et on me pousse toujours

de plus haut

Plus rapidement

vers la fosse

Des désirs perdus

La liberté, c’est d’être heureux

qu’ils répètent

Les alarmes intérieures

simples mirages de l’esprit

Suffit de sourire

Et la vie est miroir

brisé dans la hantise

La liberté, c’est d’être heureux

qu’ils insistent

Ce corps vaisseau est mon temple

Et celui des autres

Regards assoiffés

profanent mon enveloppe

de marbre

La liberté, c’est d’être heureux

qu’ils scandent

Je suis désarmée mais stoïque

Ma propre fin du monde

Face à moi

L’apocalypse fait changement

La liberté, c’est d’être heureux

qu’ils s’égosillent

Les avions en papier emportent mon évasion

virevoltent sur les clichés des temps perdus

et planent sur demain trop patient

Hier pressé de vivre

Mettre au monde les petits joyaux

destinés aux mêmes flaques d’eau

de déception que le monde offre

à boire

La liberté, c’est d’être heureux

qu’ils pleurent

La joie se blottit contre la boue

Elle montre le bout de son nez

Et m’enlise dans son ombre

Le baiser des absolus

L’union du clair-obscur

Un cœur complet

La liberté, c’est d’être heureux

qu’ils soufflent

Le corset de vos mots

S’effrite entre mes mains

Le sable de vos promesses

J’en fais mon château

La liberté, c’est d’—

Mes ombres sont veilleuses

Dans un monde en éclipse

Soleil brûle en moi

Vous, troupeau apeuré

Vers la falaise

En chasse au bonheur

Cette esquisse de joie

vous emprisonnera

La cure de vie

sera impasse

Simples excuses

n’arrêteront pas le front

Brigade de liberté (captive)

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