Une oasis ensoleillée
Au cœur d’une forêt déserte
Un paradis ensommeillé
Aux éclats d’euphorie verte
Et deux yeux si profonds, si clairs
Que même la lumière s’y perd
Paire de perles brillant en silence
Comme le reflet d’une confidence
Deux lacs d’argent, deux orbes en verre
Billes de feu dans une clairière
Iris perçants de précieux nacre
Quiétude rendant tout le reste âcre
Deux yeux qui éteindraient l’enfer
En une caresse stellaire
Prunelles saphir qui me fixent
Qui pourraient assécher le Styx
Deux yeux qui soudain se dédoublent
Comme pour empêcher ma fuite
L’espace, le temps, ma vue se troublent
Deux yeux qui en sont maintenant huit
Qui me parlent sans m’écouter
Qui me fusillent sans me voir
Qui m’étouffent sans me toucher
Je crois connaître ces regards
Huit lucarnes qui tuent, amères
Huit intrigants yeux revolver
Huit océans d’azur ardent
M’assassinent par foudroiement
Je voudrais chasser les chimères
Cachés sous seize joyaux pers
Mais si tranchant est leur mépris
À couper au couteau de fer
Le décor vert s’efface alors
Pour laisser place au monochrome
Un tourbillon de faux raccords
Trou noir et blanc plein d’hématomes
Des cris, des coups, des pleurs salés
Sourires crispés, visages sablés
Tristes traits sans propriétaires
J’ai le pouls qui s’accélère
Et me voici à terre, sinus dans la poussière
Mon sang en sombres rivières sur l’herbe claire
Des orbites azurés d’un coup s’élève une voix
«Garde les yeux fermés, et les miens veilleront sur toi»
Il me faudra les ouvrir, mais je reste pour le moment
Je reste
Je reste encore un peu
Encore cinq minutes
À douloureusement contempler ces hypnotisants reflets de ciel
Encore cinq petites minutes