Dum spiro spero, d’Allegra T. Kassombola

Je dormais paisiblement, quand j’ai reçu un appel. Un regard rapide vers la table de chevet m’indiquait qu’il était environ 1 heure du matin, alors j’ai laissé mon téléphone sonner, espérant que la personne qui m’appelait comprendrait le message et me rappellerait à une heure plus appropriée. Quand j’ai compris que le message leur était malheureusement passé par-dessus la tête, j’ai pris mon téléphone en main, à contrecœur, avant d’appuyer sur le bouton vert. « Quoi? » demandais-je, agacée par le fait qu’on ne me laissait pas profiter du sommeil réparateur dont j’avais tant besoin. C’était la mère de mon copain. Il avait eu un accident alors qu’il rentrait du travail et se faisait emmener à l’hôpital. Je me suis très rapidement mise à pleurer dans mon lit, avec la lune qui brillait sur moi, depuis la fenêtre, sa beauté complètement indifférente à la souffrance qui se passait en dessous d’elle. Nous étions ensemble depuis deux ans et pendant ces années, il avait supporté le manque de « je t’aime aussi ». J’avais grandi dans une famille qui considérait les déclarations d’amour comme une faiblesse et qui faisait en sorte que je sache que dire de telles choses était inacceptable, alors, pendant que je l’aimais en silence, il me disait qu’il m’aimait chaque fois qu’il le sentait, me l’a chuchoté alors que nous étions allongés ensemble dans le lit et l’a murmuré contre mes lèvres à chaque fois qu’il m’embrassait. Honnêtement, il n’avait même pas besoin de dire. Je pouvais le sentir. Je pouvais le voir. C’était là, dans ses yeux. Et savoir que je n’aurais peut-être jamais la chance de le dire en retour, après l’accident de ce soir, me troublait, parce que j’étais sûre à 100% qu’il savait que je l’aimais, mais le savoir et l’entendre sont deux choses différentes.

Je me suis mise en chemin vers l’hôpital, où j’ai rapidement retrouvé sa mère. Nous nous sommes tenu fermement la main, assises sur les chaises inconfortables qui composaient la salle des pas perdus, en attente de bonnes nouvelles.

Il était stable, mais, dans le coma, nous avait annoncé le médecin, une fois l’opération terminée. Au moins, la journée avait commencé par un semblant de bonne nouvelle, pensais-je en regardant, par la fenêtre qui se trouvait dans sa chambre d’hôpital, le soleil mettre le feu aux cimes des centaines d’arbres entourant le bâtiment. Sa mère venait de quitter l’hôpital. Voir son fils dans cet état était trop pour elle. Je ressentais la même chose, mais je ne trouvais pas en moi la force de le laisser seul. La culpabilité me rongeait trop de l’intérieur pour ça.

« J’ai parlé de toi aux étoiles, tu sais ? » murmurais-je à sa silhouette immobile, avec un sourire triste au visage.

« Et c’est bizarre parce que j’ai toujours cru que, puisque le clair de lune n’avait jamais murmuré mon nom au cœur de la nuit et que les étoiles ne m’avaient jamais tracé de chemin à suivre ou planifié mes échecs et mes triomphes, le destin n’était qu’un objet de fiction, mais te rencontrer a changé ma perspective et m’a fait croire en les étoiles et le pouvoir qu’elles ont sur nous, parce que tomber amoureuse de toi m’avait semblé trop parfait, comme si cela devait absolument arriver, car une partie de mon âme t’a aimé et a pris soin de toi depuis le début du monde tel qu’on le connaît et que l’univers ne l’aurait pas eu autrement, alors je les avais suppliées, ainsi que toutes les divinités se trouvant là-haut, de te laisser vivre et de te laisser être avec moi, car tu es tout ce que j’ai et le paradis est parfait, tel quel. Point n’est besoin de le remplir d’encore plus d’anges.

Je leur ai dit que même après m’être débarrassé de la mentalité que ma famille avait enracinée dans mon cerveau, je ne pouvais toujours pas m’imaginer te dire les mots qui avaient été usés par des milliers de langues pour exprimer quelque chose qui, pour moi, était si nouveau, alors je me suis tue. Te voir dans un tel état m’a fait regretter de ne pas t’avoir dit ces trois mots plus tôt, alors je vais les dire, maintenant. Je t’aime. Je t’aime plus que toute chose. Je pense que j’ai craqué pour ton unicité et que je t’aimerai pour toujours et à jamais, car tu mérites d’être aimé de tout cœur, sans jamais avoir à cacher les parties de toi-même que tu as jugées indigne d’amour. Tu veux le genre d’amour que l’on retrouve dans les livres, et je suis prête à te le donner aussi longtemps que possible parce que je prévois d’être la dernière personne que tu regarderas avec une bouche pleine de « oui, je le veux ». S’il te plaît, réveilles-toi bientôt, mon amour, » disais-je, presque sûr d’avoir senti sa main serrer la mienne en réponse. Tout ira bien.

FIN…

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